mardi 29 mai 2018

[Chronique] Oblivion Song, tome 1 : Le Chant de l'oubli - Robert Kirkman & Lorenzo De Felici & Annalisa Leoni

Auteur : Robert Kirkman & Lorenzo De Felici &  Annalisa Leoni
Pages : 176
Titre original : Oblivion Song
Prix : 16,50€(papier), 11,99€(numérique)

Dans cette série, ce livre est le tome : 
• Oblivion Song, tome 1
 

Résumé : Il y a dix ans, 300 000 habitants de Philadelphie ont disparu et ont été happés dans une autre dimension, surnommée Oblivion.

Le gouvernement a tout fait pour tenter de les retrouver et de les ramener, mais après quelques années, le programme de recherches a été abandonné. Seul Nathan Cole, un scientifique qui a mis au point une technologie de transfert vers cette dimension, continue à se rendre inlassablement sur place au péril de sa vie, afin d'extraire les survivants de cet enfer.

Mais est-ce que tous les disparus ont vraiment envie de rentrer...
Pourquoi souhaiteraient-ils rester là-bas, en dépit des dangers qui les guettent à chaque instant ?





Merci à Delcourt et à la Masse Critique de Babelio pour cette découverte.
   Dans ce comic book avec au scénario le scénariste des comics "The Walking Dead", on arrive sur une Terre où une partie de Philadelphie s'est retrouvée expulsée mystérieusement dans une autre dimension. Mais cette dernière se révèle plutôt hostile, avec des bêtes carnivores s'apparentant à des monstres. On suit alors dans l'Etat de Pennsylvanie le scientifique Nathan Cole, qui semble être l'un des derniers à continuer de rechercher les survivants qui se trouveraient encore dans cette autre dimension.

   L'histoire nous emmène aux côtés de Nathan entre deux dimensions diamétralement opposées, à la recherche de survivants. On cherche à comprendre les codes de cette nouvelle dimension, à savoir son fonctionnement. Mais on cherche aussi à savoir comment cet événement a pu arriver, une question qui semble tarauder le scientifique. 

   Dès les premières pages, on est directement plongé dans l'action dans Oblivion, cette autre dimension, avec les bêtes qui y vivent. Durant ces pages, cela se déroule très vite, pour qu'on s'immerge tout de suite dans l'intrigue. Par la suite, on oscillera entre ces moments d'action et des moments plus calmes, presque introspectifs, tandis que l'on voit que Nathan a un passé plus compliqué et douloureux qu'on ne le pense, ce que l'on commence à découvrir au fil des pages de ce premier tome, qui est en partie un tome nous permettant de découvrir le monde que l'on suivra dans cette série de comics.
   On part à l'exploration de Oblivion, que Nathan connaît plutôt bien, alors que nous, nous n'en savons rien. Cette dimension est intéressante et bien construite, regorgeant de mystères. On se pose de nombreuses questions sur elle tandis qu'on y erre avec le scientifique, et ne manque pas d'intriguer.

   Pour ce qui est des personnages, je les ai apprécié, certains plus que d'autres, mais il n'y a pas eu de lien particulier qui s'est construit avec eux. On comprend que Nathan est un personnage au passé complexe, dont on ne sait pas tout dans ce premier tome, mais qui est l'un des fils conducteurs de l'histoire et de l'intrigue. Mais on retrouve aussi d'autres personnages, aux personnalités parfois tout aussi mystérieuses et complexes, qui forment un ensemble de personnes différentes et non-semblables. On voit vite au fil de la lecture que le mystère sur le passé de certains de ces personnages prend une place non négligeable, et est un pan entier de l'intrigue.

   Pour les illustrations, j'ai vraiment bien aimé les couleurs utilisées, souvent dans les tons vert, jaune et rouge/rose et l'harmonie entre elles. Tout ce qui concerne la colorisation et les aplats de couleurs sont des choses que j'ai aimé, mais il est vrai qu'en revanche certaines expressions des personnages ne m'ont pas particulièrement plu. Cela est un point de vue personnel, mais le trait au niveau des visages n'est pas le style que j'aime le plus, ou tout du moins dans certaines cases en particulier, où les personnages avaient alors l'air un peu idiots à trois-quatre reprises dans l'ensemble de l'oeuvre. Mais le comic book reste graphiquement agréable à lire et à voir.

   La fin montre sans aucun doute possible qu'il y aura une suite, comme annoncé avec le 1 sur la couverture. Et elle nous donne envie de la découvrir car plusieurs révélations nous sont faites dans les dernières pages, et qui ne sont pas moindres. On a alors envie de savoir les tenants et aboutissants de cette histoire ainsi que des réponses aux nouvelles questions qu'on se pose dès lors. Les intrigues qui s'ajoutent à la trame principale nous fait nous poser des questions auxquelles nous voulons découvrir les réponses.
   On a droit dans le comic book à un rapide bonus qui nous montre les couvertures des six chapitres qui le composent, puisqu'aux Etats-Unis, il est en six volumes pour être dans la tradition des comics en petits numéros.


   Pour conclure, je dirais que ce fut une bonne découverte dont j'ai apprécié le graphisme en grande partie ainsi que cette autre dimension nommée Oblivion. Les intrigues qui s'ajoutent à la trame principale de ce tome de découverte du monde sont ce qui me donnent le plus l'envie de découvrir la suite, que j'emprunterais sûrement.



samedi 26 mai 2018

[Chronique] L'Homme gribouillé - Serge Lehman & Frederik Peeters

Auteur/Illustrateur : Serge Lehman & Frederik Peeters
Pages : 320
Titre original : L'Homme gribouillé
Prix : 29,95€(papier), 20,99€(numérique)


Résumé : A 40 ans passés, Betty Couvreur vit dans l'ombre de sa mère Maud, auteur de livres pour enfants. Pourtant, depuis des années, Maud subit l'emprise d'un terrifiant maître-chanteur, Max Corbeau. Betty l'apprend et se retrouve projetée dans une quête des origines en compagnie de sa propre fille, Clara. Voyage initiatique au pays des monstres et des merveilles avec au bout, peut-être, un secret venu du fond des âges.







"Il écrit un mot hébreu qui veut dire "vérité" sur son front, et le golem se met à vivre."





Merci aux éditions Delcourt et à lecteurs.com pour m'avoir permis cette découverte.
   L'Homme gribouillé est le genre d'ouvrage vers lequel je ne me serais pas forcément tourné, mais que j'ai vraiment apprécié.

   L'histoire nous emmène dans la vie de la famille exclusivement féminine des Couvreur, qui regorge de mystères tournant autour de l'aînée de la famille, Maud. Ce que va soudain découvrir Betty, ainsi que sa fille Clara, ce qui va s'ensuivre d'une quête sur les traces du passé de Maud. Mais ce passé semble plutôt étrange, puisqu'un homme-oiseau est à leur poursuite, sans empathie ni regret, à l'air plutôt dangereux.

   On est vite emporté dans ce récit, dans cette quête exécutée par Betty et sa fille Clara, qui ne sera pas sans encombres. On découvre à leurs côtés des éléments sur leur mère et grand-mère Maud, des éléments qui leur fait se poser des questions sur leurs propres origines, sur leur histoire familiale et sur Maud elle-même. On est pris dans l'intrigue, à vouloir savoir les motivations de l'homme-corbeau, les mystères entourant la famille Couvreur, mais aussi les réponses aux questions qui arrivent par la suite. On est pris dans ce voyage, un peu initiatique, avec les deux femmes, mais nous aurons aussi quelques scènes avec le mystérieux homme-oiseau.

   On pourrait penser au premier abord qu'il s'agit d'une histoire contemporaine sans aucun élément imaginaire, mais on voit vite que le fantastique et le fantasmagorique ont une place non négligeable dans le récit. On retrouve différents éléments de ce genre qui ponctue le récit, et font partie de quelque chose de grand, qu'on ne s'imagine pas encore dans les premières pages.

   Les différents femmes que l'on suit sont attachantes, que ce soit Clara ou Betty, voire Maud. Betty est une femme seule avec sa fille sans réels liens sociaux, qui semble se rechercher. On ressent un malaise qui l'habite et qui s'invite même dans ses cauchemars. Clara, adolescente, semble encore innocente, pleine de joie de vivre, qui n'a pas connu de coups durs jusqu'ici, et qui a hérité de l'imagination débordante de sa grand-mère. Cette dernière, bien qu'on la voit peu, est attachante aussi à sa manière, particulièrement dès lors qu'on connaît les raisons des choix qu'elle a pu faire.
Ces femmes sont le centre de l'intrigue, tout tourne autour d'elles, du début jusqu'à la fin.

   Les illustrations racontent à merveille cette histoire, toujours en noir, blanc et nuances de gris. Bien que je sois rarement attirée par l'unique noir et blanc dans les planches, cela correspondait parfaitement pour cette histoire. Elles étaient vraiment bien dessinées, avec des détails d'une finesse remarquable. On voyait notamment les animaux qui étaient superbes, mais aussi les petites marques de la vie qui passent, comme les rides. Cet ensemble crée une ambiance un peu étrange, mais aussi fantastique, en accord avec l'histoire, et nous permettant d'y plonger d'autant plus.

   La fin résout la plupart des questions que l'on se poser durant le récit, et surtout explique le passé et les choix de Maud. On est spectateur de quelque chose qui semble presque irréel, complété par la dernière page. Mais malgré ça, il est vrai que certaines des questions restent sans réponse, notamment quelques-unes tournant autour de l'homme-oiseau, qui peut ainsi nous laisser avec un voile d'incompréhension lors de la dernière page tournée.


   Pour conclure, j'ai franchement bien aimé cette histoire mais aussi les illustrations qui conviennent parfaitement au récit. Malgré quelques réponses qui restent malheureusement sans réponse, la fin répond en majorité à celles que l'on pouvait se poser, d'une manière fantasmagorique voire irréelle.
Une oeuvre que je recommande donc, bien qu'elle soit conséquente, tant au niveau des pages que du prix, achetée ou empruntée.



samedi 5 mai 2018

[Chronique] Sirius - Stéphane Servant #PLIB2018

Auteur : Stéphane Servant
Pages : 480
Titre original : Sirius
Prix : 16,50€(papier), 11,99€(numérique)


Résumé : Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d'élever son petit frère, Kid. Réfugiés au coeur d'une forêt, ils se tiennent à l'écart des villes et de la folie des hommes... jusqu'au jour où le mystérieux passé d'Avril les jette brutalement sur la route. Pourchassés, il leur faut maintenant survivre dans cet univers livre au chaos et à la sauvagerie. Mais sur leur chemin, une rencontre va tout bouleverser : Sirius.
Avec ce road trip post-apocalyptique, Stéphane Servant signe un grand roman d'aventure, brut et haletant.





"– Tu sais d'où vient la tristesse, Avril ? Elle vient des silences. Pas des mots."





   Je dois avouer que je n'étais pas du tout tentée par ce roman lorsque je l'avais vu dans la présélection du Prix Littéraire de l'Imaginaire 2018, et pas beaucoup plus lorsqu'il a été annoncé parmi les sélectionnés. Néanmoins, ce livre a su balayer cela, puisque ce fut une très bonne découverte, que je ne regrette absolument pas.

   On est dans une histoire où le monde se meurt, à cause d'un fait que l'on découvre dans le roman, bien qu'on n'en connaîtra pas la cause. En effet, on est vraiment sur l'instant présent et sur le doute d'un futur, mais la cause de la situation du monde n'est pas clairement établie, on n'est que sur des suppositions, puisque les hommes eux-mêmes ne le savent pas dans l'histoire.

   Dans ce monde qui se révèle être le nôtre, mais dans un état plutôt mauvais, on retrouve ainsi Avril et le jeune Kid, qui vivent dans un arbre dans la forêt, tentant de survivre chaque jour comme ils le peuvent, et où Avril essaye d'éduquer Kid pour qu'il soit un enfant "normal" (normal signifiant ici sachant lire, écrire, parler, ...). 
   Mais un jour, tout part en vrille, et c'est la fuite. C'est là que les enjeux débutent, et qu'on découvre véritablement l'intrigue du roman.

   Les personnages vont en compagnie de leur nouveau compagnon Sirius vagabonder sur les chemins en quête d'un seul but : la Montagne. Ils ne savent même pas ce qu'ils vont y trouver, juste qu'ils n'ont plus rien à perdre à y aller. 
   On est embarqué avec eux, au fil de leur périple. Les personnages vont vivre de nombreuses choses, pas toujours rose, mais c'est ce qui crée l'intrigue d'un monde à la dérive, en train de mourir à petit feu. Cela se lit rapidement, que ce soit par l'histoire ou par la plume de Stéphane Servant, avec quelques fois des moments de tension soudains, à cause desquels on appréhende presque de savoir ce qu'il va suivre.

   Mais ce serait plutôt les relations et le vécu des personnages qui prennent plus le pas sur l'histoire elle-même. Tout d'abord, pour ce qui est des personnages, on s'attache à eux, pour différents aspects de leur personnalité. Pour Avril, ce sera notamment pour sa culpabilité d'un événement de son passé, ou son envie de protéger à tout prix Kid, d'en faire un enfant qui ne fera pas les mêmes fautes qu'elle. Elle aimerait se détacher de son passé, mais ce n'est pas simple comme elle le souhaiterait.
   Pour Kid, c'est un peu plus compliqué, car au début, il est assez pénible et irritant, car il est buté sur des choses qui nous sont acquises depuis l'enfance, pour nous lecteurs. Par exemple, quand il voit des images de villes dans un livre, il dit que cela n'a jamais existé, quand il voit un cochon qui ressemble à un chien sur une photo, il est persuadé que ce n'en est pas un, ... Mais c'est quelque chose que je n'ai pas totalement pris en compte, étant donné que l'enfant n'a jamais vu ces choses de sa vie, et n'a eu qu'Avril pour lui apprendre, et donc qu'il puisse être naturel de ne pas toujours vouloir la croire, pensant que c'est une invention de sa part. Ce fut donc un début un peu compliqué avec Kid pour cette raison, mais cela s'est amélioré par la suite, et on s'attache alors à cet enfant un peu particulier.
   On aura aussi d'autres personnages qui auront une place importante dans le roman, comme Darius, effrayant dans ses croyances et pensées, ou encore le Conteur, personnage discret mais important dans l'évolution d'Avril.

   Ce qui prend le plus d'importance selon moi, c'est surtout les relations qu'entretiennent les personnages, notamment Kid, qui se révèle être le personnage central de l'oeuvre. Certaines, très spéciales, se créent, et cela donne un côté un peu poétique à l'ensemble de l'oeuvre, que j'ai vraiment apprécié. De plus, on a tout du long un hymne à la vie, qui est importante et qu'on ne devrait pas oublier, ni détruire, mais aussi à l'égalité avec les animaux, avec leur importance et leur vie qui compte autant que celle d'un homme, puisqu'au fond, nous partageons bien des choses.
   Le passé de Avril prend aussi une certaine place, bien qu'en arrière-plan de premier abord, parce qu'il sera le point de départ de son évolution. Les personnages vont en effet évoluer, que ce soit Kid ou Avril, comme si leur périple était en réalité un parcours initiatique, un parcours les menant à mieux se connaître, à mieux appréhender le monde qu'est le leur.

   La "numérotation" des chapitres est un peu particulière et peu même intriguer au premier abord, puisqu'elle part dans la soixantaine, pour décroître par chapitre, tel à compte-à-rebours. Un compte-à-rebours, mais pourquoi ? Une mort, une renaissance ? C'est ce que l'on découvre en arrivant vers la fin.

   Cette dernière conclut dans le même ton que le reste du roman, mais semble presque irréelle, notamment du fait des tout derniers chapitres, et de ce compte-à-rebours. Que va-t-il se passer après que nous ayons tourné la dernière page ? Est-ce réel ? C'est des questions qui peuvent se poser, car on ne sait pas trop ce qu'il se passe, ce qu'il s'est passé en quelques pages. On est presque dans le flou, mais comme dit auparavant, la fin est en accord avec le reste du livre, avec en plus un côté un peu onirique et poétique.


   Pour conclure, c'est un roman que j'ai démarré sans en attendre beaucoup, puisqu'il ne me tentait pas du tout. Au final, cela s'est révélé être une belle découverte, avec comme une ode à la vie et à la vie animale, avec une histoire un peu poétique, qui nous embarque dans une intrigue où les relations priment. Ces liens qu'entretiennent les personnages, particulièrement Kid, sont spéciales, mais je les ai particulièrement appréciées. Un roman donc que j'ai vraiment aimé et que je ne regrette pas avoir découvert, et ce grâce au Prix Littéraire de l'Imaginaire.


Ce roman (#ISBN:9782812614330) fait d'ailleurs partie de la pré-sélection pour le Prix littéraire de l'imaginaire 2018 organisé par Booktubers App, que vous pouvez retrouver grâce à #PLIB2018.