lundi 26 avril 2021

[Chronique] #8PM – Jeff Sampson

Auteur :
 Jeff Sampson
Pages : 284
Titre original : Deviants, book 1: Vesper
Prix : 12,50€ (papier)

Dans cette série, ce livre est le tome : 
• #8PM
• #8PM, tome 2 : Effets secondaires
 Deviants, book 3: Ravage

Résumé : Emily est une fille banale. Timide, discrète. Pas du genre à faire le mur ou à flirter avec des garçons. Jusqu'à cette fameuse nuit, 8 heures du soir. 8PM. La nuit où une des filles de sa classe a été tuée.

La nuit où Emily a changé.

La nuit où sa vie a basculé.



"A partir de maintenant, voilà comment je serai. Plus question de me cacher en plein jour. Plus question d’avoir peur d’exprimer mon opinion. "



   Avant d'aller voir les thèmes du roman sur Babelio, je ne savais même pas que ce roman aurait du fantastique. Et honnêtement, malgré tout, je ne m'attendais pas à ça. La couverture et le résumé ensemble me faisaient penser que nous allions être dans un thriller adolescent ou YA, mais pas que nous irions dans du fantastique comme cela a été le cas.

   On part donc sur la protagoniste qui va voir sa vie changer du jour au lendemain, sans trop comprendre pourquoi. Elle se pose des questions sur ses changements, sur leur raison d'être, et c'est aussi de savoir si elle doit les accepter ou au contraire les combattre.

   Honnêtement, je n'ai pas été prise par cette histoire. Je n'ai pas spécialement trouvée mon intérêt dans celle-ci, qui convient peut-être à un public un peu plus jeune. Et surtout, le roman finalement tourne autour de la même chose des pages durant, d'une manière pas spécialement intéressante. 
C'est un roman qui part sur des créatures fantastiques, style un peu bit-lit mais en une version adolescente, et c'est pas forcément le genre que je préfère, sauf quelques exceptions.

   De plus, je ne me suis pas attachée à la protagoniste. Les changements font d'elle une personne à laquelle je n'accroche pas, pas parce qu'elle est mauvaise ou autre, mais parce que ce n'est pas le genre de personnalité que j'apprécie en général ou à laquelle j'accroche. De ce fait, je n'étais pas impliquée dans ce qu'elle traverse, alors qu'elle se questionne beaucoup dessus.

   La fin en revanche, devient tout de suite plus intrigante. Elle ouvre la porte sur un tome qui sera à mon avis plus intéressant à suivre, avec plus d'enjeux, et qui tourne moins autour de la protagoniste uniquement. Ca donne envie d'en savoir plus, malheureusement, le reste du roman fait que je ne poursuivrai pas pour autant la série.

   En conclusion, un roman auquel je n'ai pas accroché. C'est très différent de ce à quoi je m'attendais, et cela a finalement donné une histoire qui n'est pas ma came habituellement. La fin réhausse le tout à mon sens, mais l'ensemble ne m'a pas assez intriguée pour me donner envie de connaître la suite.



dimanche 25 avril 2021

[Chronique] Fashion Victime – Juno Dawson

Autrice :
 Juno Dawson
Pages : 528
Titre original : Meat Market
Prix : 18,90€ (papier), 11,99€ (numérique)

/!\ TW du roman /!\ :
agression sexuelle, mention de pédophilie, troubles du comportement alimentaire, consommation de drogues


Résumé : Lorsque Jana devient top-modèle, elle découvre que la réalité du métier n’a rien à voir avec l’image que l’on s’en fait...
Dans un parc d’attractions, Jana, seize ans, se fait repérer par un agent de mannequins. Après hésitation, la jeune fille accepte et signe un contrat. Elle défile bientôt pour les plus grands noms de la mode et évolue dans un milieu glamour mais cruel. Afin de gérer la pression, l’adolescente prend des tranquillisants et des somnifères. C’est le début d’un cauchemar qui poussera Jana à révéler au monde entier combien l’univers de la beauté peut être laid...



"Je savais que les choses allaient changer. Je ne pensais simplement pas que tout irait si vite."


Lu en VO


   C'est une lecture que j'ai faite en VO, et que j'ai beaucoup aimée. L'autrice aborde dans ce roman le monde de la mode, et plus particulièrement du mannequinat.

   J'ai franchement bien aimé suivre l'histoire. On suit Jana au fil de son travail en tant que modèle, emploi tout récent. On découvre alors une partie de l'envers du décor de cet univers, avec les "découvreurs" de mannequins, les séances de photoshoot, mais aussi les contraintes du métier.
   J'ai apprécié suivre l'histoire de Jana, on suit les remises en questions qu'elle a, sur elle-même mais aussi sur ce milieu, les angoisses, ..., tout en ayant cette partie de rêve sur ce métier. J'ai accroché avec sa personnalité, sa façon d'être. Et le choix de proposer un personnage qui n'est au départ pas du tout connaisseuse de ce milieu était intéressant, puisque cela permet de mieux s'identifier à elle (si on ne s'y connait pas beaucoup plus qu'elle en tout cas).

   J'ai aussi vraiment apprécié l'écriture de Juno Dawson. Elle correspondait au personnage de Jana, tout en abordant au passage des sujets parfois un peu "tabous"dans les livres, et qui font pourtant partie de la réalité et de la vie. C'est tout bête, mais on a alors un personnage masculin qui a des difficultés lors de l'acte sexuel, ou encore Jana qui, anxieuse, parle d'une envie d'aller aux toilettes, liée à cette nervosité ("done a nervous poo"). Comme dit plus haut, ce sont des petites choses, mais qui je trouve, ancre d'autant mieux le personnage dans une même réalité que la nôtre, qu'elle est comme tout un chacun.

   Ce roman aborde aussi les aspects plus sombres de cet univers. En effet, le personnage a des hauts mais aussi des bas lors de son expérience de mannequinat.
   Elle doit affronter le jugement des autres, mais aussi le fait d'être ramenée à un objet à but marketing et commercial. Plus vraiment d'intimité, des horaires à n'en plus finir, des collaborateurs exécrables, être juste un corps jamais assez maigre pour vendre le vêtement, ...

   On voit que c'est un milieu dur, où les personnes ne sont pas toujours protégées, et Jana en prend un coup dans le roman. On lui en demande tellement qu'elle se détache complètement d'elle-même, comme si elle n'était plus dans son corps, elle est comme vide à l'intérieur, avec pour seule but de tenir debout lors ses défilés ou des photoshoot, ce que l'autrice a bien retranscrit.
   C'est un aspect plus sombre qui était attendue dans le roman du fait du résumé, mais que j'ai apprécié retrouver afin de dénoncer les mauvaises pratiques qu'il y a dans ce milieu.

   Là on aborde le sujet écrit sur la couverture de la version française : # metoo. C'est l'aspect le plus sombre du roman, qui montre que ce milieu (mais qui n'est pas le seul bien sûr) est encore profondément sexiste, et où les limites entre propositions artistiques et abus sont plus que floues pour les mannequins qui se retrouvent en position de soumission afin de garder leur réputation donc leur métier. On voit aussi, sans étonnement, que les agences veulent cacher les côtés les moins reluisants, à coup de fausses excuses ou de fausse ignorance.

   Le but de ce roman n'est pas de dénoncer le milieu complet de la mode, et c'est ce qui est intéressant. Par le biais du roman, Juno Dawson dénonce les pratiques sexistes et les agressions qui sont encore bien présentes dans cet univers, de la position de domination que construisent certains acteurs de ce milieu. Elle nous montre que tout n'est pas à jeter, que des personnes y trouvent leur compte professionnellement et artistiquement, que ça permet à certains de s'épanouir, mais qu'il est nécessaire de faire changer ce milieu, changer les règles, pour en faire une place plus saine pour chacun de ses acteurs.

   L'autrice dénonce aussi les injonctions à la perfection de ce milieu, qu'il faut que ce dernier accepte tous les corps. Je finirai donc avec ce que dit l'autrice à la fin : "You are so much more that a body. Your body is a house for your brilliant brain, brave heart and powerful voice. It can do amazing things, so care for it, protect it, and – above all – have fin with it." (Tu es tellement plus qu'un corps. Ton corps abrite un cerveau/esprit brillant, un cœur courageux et une voix puissante. Il peut faire des choses merveilleuses, donc prends-en soin, protège-le, mais par-dessus tout, amuse-toi avec.)

   Une excellente lecture pour ma part !



dimanche 18 avril 2021

[Chronique] Carne – Julia Richard #PLIB2021

Autrice :
 Julia Richard
Pages : 320
Titre original : Carne
Prix : 19,90€ (papier), 9,99€ (numérique)

Résumé : Simon ne va pas bien. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à vouloir manger de l’humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête. Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s’occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu'un tank sur un champ de mines ?
Contraint à gérer son état parasite en maintenant l’illusion de la routine, il décide d’en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu'on dit sur les histoires de famille ?
C'est toujours un sacré bordel.



"Pensez au tri ! Ensemble réduisons l'impact de l'homme en le mangeant."



   J'étais très curieuse de découvrir ce roman, sa couverture m'intriguant particulièrement.

   On se retrouve aux côtés de Simon, qui du jour au lendemain devient un être assoiffé de chair. D'où est-ce que cela vient, et que faire pour ne pas se faire prendre ?

   La chronologie dans le roman est plutôt inhabituelle. On s'en rend vite compte, le personnage n'a plus la notion de temporalité et ni celle des souvenirs, ce qui nous donne nous-même cette impression de ne plus savoir la où est la réalité et où est la fiction dans les événements que vivent Simon. Cela permet de vivre les choses comme lui, d'être perdu par sa nouvelle condition, ce qui est un bon point, bien que cela pourrait déstabiliser. 

   Ce qui est également intéressant, c'est que derrière ça, le roman aborde l'histoire d'un homme qui est malade. On voit de cette manière comment les différentes réactions des gens face à la maladie, qu'ils ne comprennent pas forcément. Ainsi, Simon rencontre des gens qui se voilent la face pour ne pas s'occuper de son cas (et celui de milliers d'autres personnes) considérés comme contraignants et/ou dérangeants. C'était intéressant parce que ça montre un phénomène de notre société qui est bel et bien réel à ce propos.

   On retrouve aussi tout un aspect pandémie dans le roman, avec des situations présentes dans le roman qui sont plus que vraisemblables, notamment par la réaction du gouvernement et de la population dans "Carne".
   Dans le même temps, on voit des dénonciations, je pense, de certains situations, comme le fait d'avoir des conclusions hâtives pour ne pas se remettre en question, de ne pas vouloir venir en aide à ce que l'on ne connaît pas, du plaisir de la violence qu'éprouvent certaines personnes ici par le biais des anti-zombies, ... Bref, il y a un vrai pan social et sociétal très intéressant dans ce roman.

   Un autre point, bien que cela soit plutôt du détail, que j'ai apprécié, sont des petites remarques que se fait le protagoniste au fil du roman, sur des sujets tels que le sexisme dans le milieu de la pub. 

   Au milieu des passages un peu plus sombres pour le protagoniste, on a aussi des petits moments plein d'humour avec des tutos de vidéo YouTube à la sauce "zombie". Ces passages jouent sur les clichés du milieu, avec humour, tout en s'inscrivant dans l'évolution du personnage.

   Concernant ce dernier ainsi que les autres personnages, il est vrai que je ne me suis attachée à aucun d'entre eux. J'ai même parfois eu du mal avec eux, avec leur façon d'agir, leurs action, et que je n'ai pas toujours été très investie dans ce qui leur arrivait. Malgré tout, ils s'inscrivent bien dans le reste du roman, bien que ce ne soit pas le point qui m'a le plus accrochée.


   En conclusion, je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman. J'ai plutôt apprécié sans pour autant être marquée par ce roman, mais ayant réfléchi après coup autour de ce livre puisque je souhaitais faire une interview de l'autrice pour le PLIB (Prix Littéraire de l'Imaginaire de Booktubers App, "Carne" fait partie des 25 sélectionnés de 2021), j'ai pu me rendre compte de toute la dimension sociétale et sociale vraiment intéressante derrière. Un roman donc qui n'est pas forcément ce qui me touche le plus personnellement, mais que j'ai trouvé très intéressant par la suite quand j'ai pris le temps de m'attarder sur son propos.







Ce roman (#ISBN9782918541707) fait d'ailleurs partie des sélectionnés pour le Prix littéraire de l'imaginaire 2021 organisé par Booktubers App, que vous pouvez retrouver grâce à #PLIB2021.

[Chronique] Par le feu – Will Hill

Auteur :
 Will Hill
Pages : 462
Titre original : After the fire
Prix : 16,90€ (papier), 11,99€ (numérique)

Résumé : Inspiré par l'histoire vraie de la secte Waco,

Avant, elle vivait derrière la clôture. Elle n'avait pas le droit de quitter la Base. Ni de parler à qui que ce soit. Parce que Père John contrôlait tout et qu'il établissait des règles. Lui désobéir pouvait avoir des conséquences terribles. Puis il y a eu les mensonges de Père John. Puis il y a eu le feu.



"Horizon m’a expliqué une fois que si on battait un chien dès sa naissance, il devenait peureux, soumis et gémissant. Et puis qu’un beau jour, sans qu’on l’ait vu venir, ce chien finissait par mordre. Parce qu’on ne lui avait jamais donné de raison de ne pas le faire."





   J'ai beaucoup aimé ce roman, inspiré de la secte de Waco. On alterne entre présent et passé dans le roman, Avant et Après un événement qui a tout changé pour la protagoniste. 

   Lors des moments Avant, on est au cœur de la secte qui est dépeinte dans le roman. On assiste au fonctionnement de ce microcosme avec ses règles, la hiérarchie au sein de cette communauté. Au fil des pages, on se rend compte que la communauté est loin d'être une communauté simplement religieuse, qui se rassemble pour partager leur croyance. On découvre avec horreur ce qu'a construit le Père John, soi-disant pour des questions religieuses, pour que les membres soient plus proches de Dieu. On fait parfois face à des conditions inhumaines, à un lavage de cerveau par cet homme qui veut asseoir sa supériorité sur des personnes vulnérables. 

   Mais l'auteur n'est pas là pour descendre ou critiquer la religion et la foi. Il cherche à montrer ce que des personnes malveillantes peuvent faire de la foi d'autres personnes, de la manipulation dont sont capables certaines personnes pour profiter des autres, pour appuyer leur supériorité.
   On le voit notamment lorsque dans l'histoire, Moon parle du fonctionnement de la communauté lorsqu'un ancien Père était à la tête de celle-ci, beaucoup plus libre, jusqu'à ce que le Père John s'invite.

   C'est vraiment intéressant à suivre, malgré la dureté que vivent réellement des personnes embrigadées dans une secte. Dans le roman, on voit comment le Père John réussit à s'élever dans la communauté à laquelle appartient Moon. C'est effrayant de voir avec quelle intelligence cet homme arrive à construire sa vision des choses, comment il impose petit à petit sa vision de faire, de manière à ce que personne ne s'en rende compte jusqu'à ce qu'il soit trop tard, si seulement ils s'en rendent compte. 

   C'est dans cet univers qu'on a Moon, qui au fil du roman, va se poser des questions sur ce qui régit sa communauté. Elle se rend petit à petit compte des problèmes qu'il y a, ce qui va mener aux passages Après. J'ai aimé suivre ce personnage, qui se retrouve perdue et tiraillée entre ce qu'on lui a inculquée enfant, entre ce qui lui semble bon, entre raison et intuition. 

   Les moments Après, eux permettent de voir l'impact qu'a une secte, notamment psychologiquement et émotionnellement. Moon, par exemple, malgré qu'elle se soit rendue compte des problèmes qu'il y avait, reste méfiante parce que c'est ce qu'on lui a inculqué depuis l'enfance et que tout ne peut être réglé en quelques jours ou semaines.

   La fin, comme discutée avec les personnes avec qui j'avais fait cette lecture commune, est peut-être un peu simpliste dans le choix et la manière dont elle est amenée. Néanmoins, cela reste une excellente lecture que j'ai trouvée bien menée. Je conseille d'ailleurs de lire la note de l'auteur pour comprendre ce qu'il a voulu faire par le biais de ce roman et pourquoi il l'a fait.